Bénédicte & Pascal Baudoin
L’adage dit : « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt… ». Ce n’est ni Bénédicte, ni Pascal Baudoin qui diront le contraire ! Même si, concernant Pascal, il faudrait ajouter « …et à ceux qui sont impliqués à 100% dans tout ce qu’ils entreprennent ! »
Interview et portrait réalisés par Laetitia Sardet
Photos : Mila Weissweiler
En s’installant comme éleveur de limousines à Lathus Saint-Rémy, en pleine crise de la vache folle, Pascal Baudoin ne s’est pas facilité la tâche mais qu’importe.
Après quelques années de salariat dans une coopérative agricole comme technico-commercial, le projet – mûri avec son épouse Bénédicte – se concrétise. Nous sommes en 1996 et dans les prés de la Ferme du Bouchage, 98 vaches limousines font leur arrivée.
« Elles sont 150 aujourd’hui et du matin au soir, tout tourne autour d’elles. D’avril à décembre, elles paissent dans les champs alentours, au gré des 200 hectares de prairies sur lesquels je cultive aussi le fourrage dévolu à l’élevage. 20 autres hectares sont dédiés à la production de céréales et protéagineux. Les terres de bocage et de granit ne permettant pas l’autonomie alimentaire totale pour le cheptel, j’achète une partie de ces produits à l’extérieur. Je choisis des protéines nobles, de la drêche de blé, des tourteaux de colza, de lin qui sont importants pour la finition de la viande, son grain et sa qualité.
Un engagement sociétal fort
Être libre de conduire son exploitation en fonction de ses valeurs, c’est ce que vise Pascal Baudoin et à ce titre, c’est avec curiosité qu’il a croisé d’autres producteurs mais aussi le réseau CIVAM*. « J’avais besoin de pouvoir être fier de mon métier, de trouver des débouchés économiques qui aient du sens et d’être au contact des consommateurs. »
La vente directe et à la ferme était la suite logique. Un réel tournant pour Pascal Baudoin puisque c’est un autre métier qu’il découvre, en plus du sien, déjà très chronophage.
« Des contraintes sanitaires, encore de nouvelles réglementations, de transports, de stockage, etc. En plus d’élever les animaux, il faut gérer toute la chaîne, de l’abattage à la mise sous vide de la viande et jusqu’à la relation avec les consommateurs ».
De nouvelles activités qui le conduisent à proposer sa viande dès 2013 chez March’Équitable. Mais Pascal Baudoin n’est pas homme à livrer et repartir… non ! Très rapidement, il intègre le conseil d’administration de l’association et participe avec l’équipe de bénévoles au projet d’ouverture d’un vrai magasin, en centre ville de Montmorillon. Ce sera chose faite en 2014 et depuis, c’est derrière l’étal de boucherie de March’Équitable que vous le trouverez chaque samedi matin.
Une implication sociale et de territoire
Vente directe à la ferme, vente en circuits courts via les magasins de producteurs, Pascal Baudoin aurait pu en rester là et simplement continuer à faire tourner son exploitation. C’est mal connaître l’homme qui a le goût de la transmission tout autant que celui du montage de projet.
« La vente directe suppose de fidéliser une clientèle et pour cela, il nous faut être exigeants quant à notre manière de travailler. Dans cet esprit, nous nous sommes associés en CUMA ** avec quelques agriculteurs-éleveurs pour créer un atelier de découpe, localement. Après un partenariat avec un artisan boucher prestataire, l’atelier Mont-Terroir a ouvert ses portes à Adriers en mars 2015 ».
Les carcasses y sont découpées dans le respect de la tradition bouchère, et les pièces de viande sont mises sous vide. « Une réelle plus-value pour nos viandes qui sont désormais découpées avec talent, ce qui leur garantit tendreté et grandes saveurs ».
Très impliqué à March’Equitable, Pascal Baudoin est aussi président de Mont-Terroir et co président de Mont’Plateau. Un militantisme pour le territoire la défense d’une alimentation saine et de qualité qui ne lui fait cependant pas oublier la ferme, et les gens qui y travaillent avec lui.
« Etre éleveur c’est aussi être employeur. A ce compte, j’emploie deux salariés : Jérôme qui a un rôle capital à l’atelier de découpe et Victor, mon fils, qui veille au bon fonctionnement de la ferme depuis septembre 2019.
Au quotidien, dans mes faits et gestes, je m’efforce de transmettre une certaine idée de l’agriculture, ma conviction profonde que l’on peut produire sans être productiviste, et offrir à tous une viande de qualité transformée et distribuée localement qui, de fait, contribue aussi à la vie socio-économique de notre territoire » .
*CIVAM : Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural. + d’infos ici.
** CUMA : Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole qui a pour objet la mutualisation et de tous moyens propres à faciliter ou à développer l’activité économique des agriculteurs réunis dans la société coopérative.
Ferme du Bouchage
86390 Lathus-St-Rémy
Tél : 09 65 04 72 10 – 06 15 16 95 72