Depuis novembre 2021, dans le Nord et dans les Landes, la grippe aviaire, avec son cortège d’élevages de volailles en quarantaine, voire abattues, a fait son retour. Et elle s’étend peu à peu à tout le pays.
La grippe aviaire, kesako ?
Sur le site de l’Institut PASTEUR, on peut lire que « La grippe aviaire est une maladie virale qui sévit chez les oiseaux, et dont le taux de mortalité est très élevé chez les oiseaux d’élevage (poulets, oies, etc.). » On explique aussi que « Si la plupart des virus aviaires n’infecte pas l’homme, certains sous-types parviennent parfois à franchir la barrière des espèces : c’est le cas du virus H5N1, pathogène pour l’homme et présent en Asie. »
Et sur le site de l’OMS, il est précisé que les contaminations d’humain à humain sont restées, pour l’instant, très rares.
Ne pouvant agir sur les populations d’oiseaux sauvages, la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations -humaines-), assure la surveillance des élevages avicoles. C’est dans ce cadre que Marie et Pierre-Jean CLERC, éleveurs de volailles sur la ferme de la Fayaudrie, ont été contrôlés.
Pour mémoire, leurs poulets disposaient de 2000 m² d’herbe, leur assurant la nourriture en vers et nutriments, et l’exercice physique dont ils ont besoin. Ils passent la nuit dans un « dortoir ». « Les mesures de claustration mises en place par l’État pour éviter les contaminations font que nos poulets ne peuvent plus être dits de plein air puisque leur espace extérieur a été divisé par 10, passant de 2000 m² à 200 m², expliquent-ils. Et nos bâtiments, contrairement à ceux des élevages industriels, ne sont pas conçus pour un élevage en intérieur. Enfin, les risques, en terme de contamination, ne sont pas les mêmes entre un élevage de canards (qui se constitue à partir de canetons pré-gavés, ramassés dans plusieurs fermes, et regroupés sur une seule exploitation pour finir le gavage) – et notre façon de faire. Nos poussins arrivent sur la ferme à l’âge d’un jour, sont élevés en plein air et abattus chez nous. Il n’y a donc pas de contact avec d’autres gallinacés. »
Pierre-Jean CLERC termine par la mesure finale de « dépeuplement », (l’abattage de tous les animaux) même si il n’y a qu’un seul cas . « Quelle éthique poursuit-on ? Est-ce normal, au XXIème siècle, dans notre pays, d’abattre des milliers d’ animaux comme on le fait ? » « Cette crise est gérée au regard des élevages industriels. Et les mesures qui les concernent doivent être appliquées aux autres élevages. Ne serait-il pas temps de revoir enfin la taille des élevages, de produire localement, et autrement ? »
Grippe aviaire, SRAS, MERS, Ebola… Covid 19. Depuis les années 2000, il n’y a pas une année qui ne voit un virus se déployer quelque part dans le monde. 70% sont des zoonoses, maladies transmissibles aux humains (Marie Monique ROBIN « La Fabrique des Pandémies »). Les scientifiques alertent inlassablement au sujet de nos manières de faire, de nous déplacer, de manger et, plus globalement, de consommer. Ils en pointent les impacts sur la biodiversité, en chute libre .
« Les consommateurs décideront de ce qu’ils veulent – ou peuvent – manger, conclut Pierre-Jean CLERC. Tout est histoire de priorité ».
Chantal TANNEAU, Marie et Pierre-Jean CLERC