A l’origine de toute notre alimentation, nous pouvons retrouver des graines. Des fruits et légumes, aux céréales, en passant par les plantes fourragères qui servent à nourrir les animaux, toutes ces plantes sont sélectionnées et issues de graines multipliées par la main de l’humain. On appelle semence cette graine produite, qui associe un terroir, des goûts, des techniques qui ont fait évoluer les plantes sauvages domestiquées vers les variétés cultivées que l’on connaît aujourd’hui.
On nomme semences paysannes ces variétés sélectionnées depuis des siècles, qui sont caractérisées par une diversité génétique leur donnant également le nom de semences population. Ces variétés ont un intérêt majeur pour l’adaptation au changement climatique car elles sont plus autonomes et résistantes aux aléas des cultures que les variétés modernes issues de travaux génétiques. Elles demandent donc moins d’investissement et conviennent parfaitement à une agriculture autonome et renouvelable. En plus des semences, on a hérité également d’autres variétés paysannes reproduites généralement par bouturage ou division, comme les artichauts, pommes de terre, le raifort, et même les arbres fruitiers par les techniques de greffage.
Les semences de fermes sont elles aussi des semences reproduites en autonomie par les agriculteurs. Ce qui les distingue des semences paysannes, c’est leur origine. Celles-ci sont issues du marché et sont donc généralement certifiées par des propriétaires qui régulent leur commercialisation. Dans certaines conditions, la multiplication de ces variétés par les agriculteurs est tolérée, mais strictement circonscrite à la production in situ, sans aucun croit de diffusion.
En France et en Europe, la commercialisation des semences est régulée par une réglementation stricte. Seules certaines variétés, inspectées selon des critères définis puis certifiées si elles y répondent, sont inscrites à un catalogue officiel, qui rassemble l’ensemble des variétés autorisées à la commercialisation. Les variétés non inscrites, notamment les variétés paysannes, sont autorisées à la vente et la diffusion uniquement aux particuliers, pour un usage domestique.
Cela interdit donc aux professionnels, les agriculteurs, d’accéder à ces semences de manière légale. Il existe quelques exceptions à la règle, notamment au titre d’expérimentation, mais dont les organismes habilités sont rares.
Aujourd’hui, face aux défis de l’agriculture, certains partis comme les industriels de la semence et des dirigeants politiques, voient en les OGM et autres variétés hybrides F1 obtenues par de nombreuses interventions artificielles dans le processus de reproduction des semences, une manière de répondre aux problématiques à venir. Cependant, depuis l’adoption de nouvelles semences et techniques agricoles au XXème siècle, la diversité des plantes cultivées a fortement diminué, et la sélection lente et progressive des variétés paysannes a été altérée. Les agriculteurs ont en moyenne de plus en plus recours aux intrants et énergies fossiles pour conserver une compétitivité et survivre, ce qui illustre les symptômes d’un modèle qui s’essouffle devant les enjeux environnementaux.
Les problématiques d’accès à l’autonomie semencière liées à une réglementation contraignante questionnent la capacités de répondre aux enjeux actuels et à venir, ce qui souligne l’importance des semencespaysannes dans la recherche denouvelles pratiques allant dans le sens du respect de l’autonomie des agriculteurs, de l’environnement, et pour quitter la fuite en avant du modèle conventionnel dominant depuis quelques décennies.
Quentin SAMOYAULT